Quand le système éducatif français est confronté à lui-même…
Le 3 décembre dernier, l’étude PISA révélait plusieurs points sur lequel le système éducatif en France pêche à s’améliorer face à ses pays voisins.
La France est classée 23e sur 79 pays au total.
Elle se situe dans la moyenne des autres nations et territoires. Mais elle porte l’étendard des inégalités sociales.
C’est quoi PISA ?
L’étude PISA est publiée tous les trois ans sous l’égide l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
L’étude PISA est l’indice des compétences des élèves dans le monde. Ce classement évalue les compétences en mathématiques, compréhension de l’écrit et des sciences des élèves de 15 ans.
En mai 2018 et dans 79 pays, 600 000 jeunes avaient été sondés afin de représenter un total de 32 millions d’élèves.
Des élèves français dans la moyenne
Le continent asiatique est en tête du classement (la Chine, Singapour et Macao occupent le podium).
le système éducatif français, lui, se perd dans le ventre mou de l’étude.
Classé à la 23e place du classement, la France est légèrement supérieure à la moyenne des pays riches.
Une situation qui n’est pas catastrophique certes. Mais elle fait tout de même ressortir des lacunes évidentes vis-à-vis des autres nations comme l’Irlande, l’Estonie, le Royaume-Uni ou encore les États-Unis.
« Une place honorable » nous dit Éric Charbonnier, expert en éducation à l’OCDE et interrogé par le journal Les Échos.
Ainsi, on apprend que les élèves français obtiennent 493 points sur la compréhension de l’écrit, soit 6 points de plus que la moyenne de l’OCDE.
Un résultat plutôt neutre. En effet, les capacités des français en lecture et écriture n’ont pas évolué par rapport aux années précédentes.
En revanche, ce premier résultat pose une problématique bien plus complexe, celle de l‘inégalité entre les étudiants.
« Les résultats cachent des évolutions divergentes selon les élèves » précise Éric Charbonnier.
Ainsi, le niveau des meilleurs élèves a augmenté tandis que celui des plus faibles ne cesse de baisser.
La moyenne, cet arbre qui cache l’inégalité
Mais derrière ce résultat convenable se cache une toute autre réalité bien moins reluisante.
Qualifiée de « gros point noir » par l’OCDE, le système éducatif français est champion des inégalités sociales.
En quelques chiffres, 20% des élèves dit « favorisés » sont parmi les élèves très performants en compréhension de l’écrit, contre seulement 2% pour les élèves défavorisés.
Pire, le statut socio-économique d’un élève influe sur ses performances en mathématiques et en sciences.
Une réalité qui pousse cette catégorie de jeunes à s’imposer des barrières pour leur avenir. Un élève sur cinq considéré comme défavorisé n’envisage pas un cursus en étude supérieure.
Pour Éric Charbonnier, le système d’éducation français n’a pas agi assez vite en comparaison à des pays comme l’Allemagne qui a su remédier à ce déséquilibre.
À l’instar de la Hongrie, d’Israël ou du Luxembourg, la France est confrontée à une problématique qu’elle n’a pas su endiguer à temps.
Résultat ? Le système éducatif français se retrouve gangrené par une disharmonie où chaque acteur est pointé du doigt.
Enseignant, trop ou mal payé ?
Pour les experts de l’OCDE, la solution passe notamment par une profonde réflexion sur le métier d’enseignant.
« Dans de nombreux pays asiatiques, l’éducation des enfants est la priorité numéro 1, les enseignants suivent des formations de qualité et on décide d’investir dans les établissements en difficulté. En Corée du Sud, les enseignants sont très valorisés dans la société et leurs salaires y sont très attractifs » explique Éric Charbonnier.
Serait-ce une solution en France ? Possible. Mais qu’en est-il du salaire des enseignants ?
Dans un rapport publié en septembre 2019 intitulé « Regard sur l’éducation », l’OCDE pointait du doigt le caractère instable du salaire d’un enseignant français en fonction de la période de sa carrière.
Les médias avaient alors entretenu un certain flou autour de la fiche de paye d’un enseignant.
Certains annonçaient qu’un enseignant français était mieux payé que la moyenne de l’OCDE pendant que d’autres écrivaient le contraire.
Qui a tort, qui a raison ? On vous explique.
L’OCDE a abordé le sujet sous différents angles ce qui a entraîné une confusion de la part de certains médias et provoqué la colère du corps enseignant.
Une seule étude pour deux constats
Comme l’explique Les Décodeurs dans leur article, les deux constats sont tout à fait corrects mais tirés de données différentes.
Premier point à prendre en compte, l’étude sur le salaire « statutaire ». Il est hors primes et heures supplémentaires.
En début de vie professionnelle, un professeur en école primaire gagnera un salaire statutaire inférieur de 7% par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.
L’organisme estime qu’un enseignant gagnerait près de 28 000€ brut par an dans le primaire contre 29 900 en moyenne pour les pays de l’OCDE.
Au lycée, l’écart se creuse encore plus : 29 400 € pour un enseignant français, 32 423 pour la moyenne de l’OCDE.
La balance semble s’équilibrer seulement en fin de carrière où un enseignant français percevra un salaire inférieur à « seulement » 2% de la moyenne.
Une moyenne réalisée sur 30 pays
Autre élément d’étude qu’un journal comme Les Échos a tenu à reprendre : le salaire effectif. Celui-ci inclue cette fois-ci les primes et heures supplémentaires.
Sur ce point-là, la rémunération de l’enseignant français est légèrement supérieure à la moyenne.
On peut donc lire qu’au collège, un enseignant touchera 41 102 euros contre 38 540 euros dans la moyenne de l’OCDE.
Au lycée, il pourrait prétendre à 46 200 euros contre 41 490 euros dans les autres pays cités par l’étude.
Néanmoins, au niveau élémentaire, la paye s’élève à 35 700 euros contre 36 700 euros.
Des donnés claires certes, mais qui ne permettent cependant pas d’affirmer qu’un professeur français est mieux loti qu’à l’étranger.
En effet, la moyenne établie concernant le salaire effectif ne prend en compte que 30 pays au lieu de 39 concernant le salaire statutaire.
Il demeure complexe d’établir une seule vérité concernant la rémunération des enseignants français.
En définitive, l’étude révèle une multitude de situations différentes mais ne peut parvenir à elle seule à tirer un constat global.
Chaque cas s’avère singulier car il dépendra de l’ancienneté et du niveau dans lequel le professeur enseigne.
Seule généralité à tirer : le système éducatif français se situe dans le ventre mou du classement. La France reste bien inférieure à des pays comme l’Allemagne.
On est donc bien loin des méthodes pratiquées chez les leaders asiatiques. Le constat est glaçant.
Un professeur français gagnera moins bien sa vie que le haut du panier international.
Pourtant le système éducatif français est centré sur l’excellence !
En 2020, le gouvernement devrait allouer une hausse d’un milliard du budget de l’éducation nationale. Est-ce que cela permettra d’endiguer le fléau de l’inégalité sociale ? Pas sur…