Les troubles neurovisuels : que sont-ils ?
Les troubles neurovisuels résultent d’une atteinte au niveau cérébral. Elle se répercute sur la vision de l’individu. Ils peuvent être liés à des lésions de certaines aires du cerveau mais aussi à une absence de formation de celles-ci. Ils peuvent être de plusieurs ordres : champ visuel, capacité d’organisation de l’espace, reconnaissance visuelle, mémoire visuelle, difficulté d’évocation, d’exploration ou encore d’utilisation des représentations mentales visuelles.
« Près d’un tiers de notre cerveau est impliqué dans la perception visuelle. De ce fait, on estime que 60% des patients (enfants ou adultes) atteint d’une lésion cérébrale souffrent d’un trouble de l’analyse visuelle, ou trouble neurovisuel. »
Bien connus chez l’adulte, ils tendent à être de plus en plus étudiés chez l’enfant. Les études mettent en évidence les conséquences comportementales, cognitives, émotionnelles et scolaires de ces troubles.
Lorsqu’ils interviennent à l’âge adulte, ces troubles représentent une perte de fonctions qui étaient acquises. Ils changent fortement sa vie quotidienne. L’adulte peut avoir des difficultés pour s’orienter, pour lire ou pour se concentrer… En revanche, les troubles diagnostiqués chez l’enfant peuvent être présents dès la naissance ou arriver de façon précoce. Cette différence est fondamentale à la fois pour l’évaluation et pour la prise en charge.
Les troubles neurovisuels : quelles répercussions ?
Dépister ces troubles neurovisuels représente donc un enjeu majeur chez l’enfant. Ils peuvent passer inaperçus. L’enfant qui se construit avec un trouble neurovisuel pourra ne jamais l’évoquer puisqu’il n’a pas de point de comparaison. Le risque est de détecter tardivement un trouble qui peut impacter son développement.
« Des études européennes considèrent que 5% des enfants scolarisés présentent un trouble des apprentissages. […] on peut ainsi faire l’hypothèse que 2 à 3% des enfants de 5 ans présentent un trouble un trouble neurovisuel, c’est-à-dire une difficulté particulière à explorer, analyser, mémoriser, visuellement ou à orienter leur attention dans l’espace. »
En effet, la vision est fondamentale pour les apprentissages. La capacité à fixer son regard sur un mot est par exemple indispensable à l’apprentissage de la lecture. Un trouble qui atteint une partie de la vision lui serait ainsi défavorable. De même, des difficultés de coordination peuvent empiéter sur l’apprentissage de l’écriture.
Les troubles neurovisuels : comment les dépister ?
Il est alors important de se questionner sur de possibles troubles neurovisuels dès lors que l’enfant présente des difficultés sévères dans ses apprentissages et/ou un trouble du comportement. Notamment lorsqu’il est suivi depuis des années et que ce suivi ne s’avère pas efficace.
« Dans la mesure où ces troubles peuvent être diagnostiqués et pris en charge, […] il convient donc, chez des enfants suivis depuis des années sans succès pour un trouble sévère des apprentissages (du type dyslexie, dysorthographie ou dyspraxie), de faire un bilan neurologique, neuropsychologique, ophtalmologique et neurovisuel, afin de vérifier l’organicité des troubles et de les caractériser. »
Attention, les troubles neurovisuels peuvent également passer inaperçus chez l’adulte. C’est alors des accidents et des chutes à répétition, des difficultés de lecture ou des gênes visuelles qui doivent alerter.
La batterie EVA : qu’est-ce que c’est ?
L’Institut de Neuropsychologie, Neurovision, Neurocognition (I3N), dirigé par Sylvie CHOKRON, a mis au point une batterie de tests pour dépister les troubles neurovisuels. Composée de 9 épreuves, elle s’adresse aux enfants de 4 à 6 ans et évalue leurs capacités visuo-attentionnelles, d’analyse et de mémoire visuelle. A terme, cette évaluation pourrait être systématiquement réalisée en grande section de maternelle en complément des bilans ophtalmologiques déjà proposés. Elle permettrait d’anticiper sur les difficultés d’apprentissage qu’entraînent les troubles neurovisuels.