En 2019, Yann-Gaël Jaffré, Laurence Dulon et Steven Verbeek publient un article qui examine le lien entre le travail et la « douance », ou Haut Potentiel Intellectuel (HPI). Le HPI ne serait pas synonyme de réussite professionnelle. Ces personnes se heurtent à de nombreux obstacles – méconnaissance de leur HPI, inadaptation aux organisations du travail. Ainsi, les auteurs exposent les solutions et avantages que représentent la prise en compte du HPI dans l’entreprise.
Qu’est-ce que le Haut Potentiel Intellectuel ?
Le haut potentiel intellectuel est un atypisme neurologique. Cet atypisme s’explique par des « différences au niveau cérébral et notamment un meilleur flux sanguin et une meilleure communication entre les deux hémisphères du cerveau. ». Celles-ci ont un fonctionnement cérébral différent. Cela se traduit par un potentiel supérieur à la moyenne lorsque la personne est en mesure de l’exploiter. En effet, l’environnement et les expériences sont décisives pour que l’individu HPI développe toutes ses potentialités.
Une étude publiée par le CERMEP en 2018 met en évidence deux profils de HPI : les profils complexes et les profils laminaires. Cette étude permet de mieux comprendre certaines difficultés rencontrées par les HPI. En effet, selon leurs profils, les personnes HPI ne fonctionnent de la même façon. Les profils laminaires auraient tendance à traiter et analyser l’information de manière objective. Ils auraient une grande faculté d’adaptation et des performances cognitives homogènes. Les profils complexes présenteraient quant à eux des performances cognitives plus hétérogènes. Ils interprèteraient constamment la réalité pour l’adapter à leur modèle interne. Ils auraient moins de filtres émotionnels et seraient moins inhibés. Grossièrement, cette dichotomie est connue comme discernant les “cerveaux droits” (laminaires) des “cerveaux gauches” (complexes).
Cette dichotomie permet de mettre en lumière les liens significatifs entre certains troubles du comportement et le HPI. Les profils complexes seraient ainsi plus sujets à une vulnérabilité attentionnelle ou encore à une attitude relationnelle en décalage avec leurs capacités cognitives. Ils seraient également hypersensibles du fait du manque de contrôle vis-à-vis de leur attention et de leur impulsivité. Les profils laminaires seraient quant à eux plus sujets à la somatisation, au surmenage voire au burn-out.
Les personnes atteintes réussissent-elles forcément mieux que les autres ?
Contrairement aux idées reçues, les personnes atteintes ne se pensent pas meilleures que les autres. Selon l’étude, elles resteraient d’ailleurs majoritairement anonymes et craignent les préjugés. L’étude explique d’ailleurs que la terminologie est cruciale. En effet, les auteurs préfèrent utiliser le terme de “douance”, plus neutre que celui de “surdoué”. Tout l’enjeu est de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une supériorité, mais d’un fonctionnement cérébral et d’une intelligence singuliers. Le HPI peut s’avérer source de difficultés si il n’est pas compris.
Ainsi, les auteurs de l’étude mettent l’accent sur le fait que le Haut Potentiel Intellectuel n’est pas nécessairement un atout en milieu professionnel. Selon le CESE, le don doit être considéré comme un potentiel à exploiter une fois détecté, et pas comme une donnée statique qui certifie la réussite professionnelle et scolaire.
Selon une étude citée dans l’article, un tiers des adultes doués connaitrait une situation de chômage. Ceci semble s’expliquer par deux raisons principales. Tout d’abord, la méconnaissance par la personne atteinte de son propre trouble. Ensuite, la méconnaissance de ce trouble par les organisations du travail.
De l’importance du diagnostic
Pour contrer les difficultés au travail, il est essentiel que la personne ayant un HPI ait connaissance de son atypisme, pour une construction identitaire et le développement d’un comportement équilibré.
« […] quand la douance n’est pas identifiée et reconnue pour ce qu’elle est, par la personne douée elle-même comme par son entourage, les difficultés de fonctionnement des individus doués deviennent plus dominantes. »
Comment améliorer la situation des personnes à Haut Potentiel Intellectuel au travail ?
« Cela doit se traduire par une politique RH adaptée, permettant l’épanouissement des employés doués et le développement de leurs compétences dans toute leur diversité, mais également par la détermination d’assurer leur bien-être et leur sécurité. »
Dans un premier temps, il est nécessaire de détecter le trouble en entreprise. Pour cela, le médecin du travail doit y être familier. Il va ensuite mener des actions de sensibilisation au sein de l’entreprise. Une fois l’employé HPI détecté, il faut l’en informer. Même si la détection et la connaissance de son HPI est primordial, cela ne suffira pas pour que le salarié puisse explorer son plein potentiel. En effet, il faut également sensibiliser les organisations du travail aux besoins spécifiques de l’employé doué.
Qu’apporte la reconnaissance de ce trouble à l’entreprise ?
Les auteurs expliquent à l’aide d’études, que la valorisation de la diversité est un facteur d’efficacité économique. Aussi, cela améliore la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux. De plus, cela permet un développement de l’attractivité de l’entreprise, améliore la créativité, l’engagement, la motivation professionnelle et la fidélisation des salariés.
« Au droit à la différence doit s’ajouter, au XXIe siècle, la valorisation de la différence. Celle-ci serait source d’efficacité et de performance pour nos institutions et organisations socioprofessionnelles, car promouvoir l’apprentissage, l’autonomie, la justice ainsi que la coopération est un enjeu de santé publique autant que de compétitivité économique. »
Pour en savoir plus sur le Haut potentiel intellectuel, lisez notre article dédié !