Le harcèlement scolaire, fléau du préau !
Qu’appelle-t-ton réellement « Harcèlement » ?
Définition du Ministère de l’Education Nationale :
Le harcèlement est une violence, peu visible (pour les personnes qui ne le subissent pas), qui peut prendre la forme de violences physiques répétées, souvent accompagnées de violences verbales et psychologiques (insultes, moqueries, etc.), destinées à blesser et à nuire à la cible des attaques.
Les victimes sont souvent seules face à cette menace diffuse.
On peut considérer qu’il y a harcèlement quand :
- un rapport de force et de domination s’installe entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes ;
- il y a répétitivité : différentes formes d’agressions se répètent régulièrement durant une longue période ;
- il y a volonté délibérée de nuire à la victime, avec une absence d’empathie de la part des auteurs.
Les conséquences du harcèlement en milieu scolaire peuvent être graves et multiples.
Les 3 caractéristiques du harcèlement en milieu scolaire
- La violence : c’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes. Cette violence peut être physique (coups), verbale (menaces, insultes, moqueries…), non-verbale (grimaces, gestes menaçants) ou psychologique (pression sur les proches, famille, amis, réseaux sociaux…).
- La répétitivité : il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période.
- L’isolement: la victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, et dans l’incapacité de se défendre.
Si certaines caractéristiques peuvent favoriser le harcèlement (apparence physique, handicap, appartenance religieuse…), il est important de garder en tête que le harcèlement touche tout type d’enfants. Tout peut devenir prétexte à harcèlement.
Les conséquences sont dramatiques
Dan Olweus, psychologue suédo-norvégien consacré au domaine du harcèlement scolaire estime qu’un adolescent harcelé à l’école a quatre fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires qu’un autre jeune.
Prévenir le harcèlement scolaire
Dès le plus jeune âge, à la maison, en mode de garderie, à l’école, l’enfant va être confronté à ses pairs. Il va connaître de nombreux sentiments positifs, la joie, l’amour, la tendresse, sentiments faciles à appréhender ; mais également de nombreux sentiments moins facile à gérer, comme la peur, la tristesse, la colère, la frustration, l’envie, la jalousie…
Ces sentiments, sont sains, légitimes et il est primordial d’accompagner l’enfant à les gérer. Un enfant dont les émotions sont prises en compte aura beaucoup plus de facilités à prendre en compte, accepter et comprendre les émotions de ses camarades. De même, un enfant accueilli avec bienveillance saura plus facilement être bienveillant à son tour avec les autres.
L’éducation, pilier majeur du vivre ensemble
L’apprentissage des valeurs humaines au quotidien est l’une des clés du vivre ensemble.
Offrir un cadre, strict et bienveillant, permet à l’enfant de se construire en respectant ses propres émotions et celles des personnes qui l’entourent. Par exemple, un enfant en colère a le droit d’exprimer cette colère, il est juste capital de l’accompagner à trouver la manière de l’exprimer. Si l’enfant ressent le besoin de taper lorsqu’il est en colère, lui offrir un coussin de la colère, du papier à déchirer, un ballon dans lequel frapper. Il est nécessaire que l’enfant comprenne que l’expression de la colère ne doit pas être dirigée contre une personne.
Le même processus est valable pour tous les autres sentiments. Il est tout à fait possible que l’enfant soit frustré ou jaloux par exemple et il a le droit de ressentir ce sentiment. En revanche, il est indispensable qu’il apprenne à exprimer ce ressenti sans que celui-ci soit dirigé contre une personne.
L’enfant grandit dans la plupart des cas par mimétisme. S’il est accompagné dans son comportement avec bienveillance, il aura tendance à se comporter avec bienveillance avec ses camarades.
Il est également certain qu’un enfant, élevé avec le respect et tolérance de la différence aura plus facilement de facilités à faire preuve de tolérance et de respect envers les autres.
Si l’enfant entend certains préjugés chez lui, il pourra avoir tendance à les répéter à l’extérieur ; exemple ; « Un garçon ne pleure pas, ce sont les filles qui pleurent ! » à l’encontre d’un garçon sensible.
Un enfant a un vrai besoin d’attention
L’enfant a besoin d’être accompagné dans toutes ses phases d’apprentissage. L’attention qui lui est portée pour répondre à ses besoins est capitale. Si l’attention portée lorsque l’enfant a mal, est triste, est évidente, cette notion d’attention s’entend également dans les moments où l’enfant transgresse une règle. Il est très important que l’enfant apprenne à réparer lorsqu’il a eu un mauvais comportement. Laisser l’enfant sans aucun cadre est très dangereux pour sa construction. Il aura tendance à chercher ce cadre à l’extérieur de la maison, pour se mesurer à une autre forme d’autorité. Cette attitude peut engendrer des comportements à risque dans tous les domaines, et notamment dans la relation aux autres.
Comprendre le mécanisme du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire se distingue de toute autre forme de harcèlement (familial, professionnel, moral, sexuel) du fait qu’il est très souvent caractérisé en groupe.
La posture du harceleur
Le jeune en posture de harceleur a besoin de public ; il aime paraître puissant dans le regard des autres. Il agit souvent d’ailleurs seulement lorsque le public est présent. Seul, il n’éprouve plus d’intérêt à sa démarche (il arrive même que le harceleur présente des excuses à sa victime s’il se retrouve seul avec elle, pour recommencer ses actes de harcèlement lorsqu’il retrouve son public).
Lorsque l’enfant en posture de harcèlement trouve du crédit dans le regard de ses pairs, alors il va avoir tendance à persévérer dans cette attitude.
La posture du harcelé
L’enfant qui subit le harcèlement est souvent honteux et ressent de la culpabilité, s’isole très rapidement et se replie sur lui-même.
L’effet de groupe dans le harcèlement
Si la première responsabilité revient au harceleur, les membres « passifs » sont aujourd’hui considérés comme ayant également une part de responsabilité. Il est certain que plus le harceleur aura un public conquis, plus il sera conforté dans son attitude. A l’inverse, si les témoins dénoncent, font réfléchir l’acteur, apportent du réconfort au harcelé, la dynamique ne sera pas du tout la même. Le groupe a le pouvoir de faire tourner la situation à l’avantage de la personne qui subit les actes de harcèlement.
L’apparition des réseaux sociaux a bien évidemment aggravé le processus de harcèlement. Le facteur aggravant se situe dans le fait que la victime n’a plus un lieu de sécurité. Elle peut être attaquée partout où elle se trouve. Les attaques, qui peuvent être anonymes, de personnes cachées derrière leur écran peuvent arriver sans filtre.
Agir en cas de harcèlement scolaire
Il est primordial d’accorder du crédit à la première fois où un enfant se confie sur ce qu’il vit au quotidien. Souvent, l’événement peut paraître banal aux yeux des personnes qui ne subissent pas les actes et peuvent apporter une réponse qui va pousser l’enfant à ne plus parler de ses problèmes.
Il est fréquent d’entendre que les comportements violents ont toujours existé, que ce sont des histoires d’enfants, qu’ils doivent régler les problèmes entre eux. Ceci est vrai lorsque personne ne se sent pas acculée ni victime. SI l’enfant se défend et que l’histoire ne se répète pas, oui, alors ce sont des faits « normaux »
Intervenir dès les premiers éléments reportés est primordial pour ne pas laisser s’étendre les comportements déviants.
Dire à un enfant qui se plaint d’être poussé, moqué, insulté qu’il fait des histoires pour rien, qu’il n’a qu’à répondre par exemple, revient à nier son propre fonctionnement. S’il n’est pas dans le tempérament de l’enfant de répondre de quelque manière qu’il soit, il est capital de l’accompagner à le faire et de ne pas le laisser seul en lui donnant l’impression de l’abandonner. C’est souvent de cette première alerte restée sans réponse et pire avec pour réponse un déni d’importance que l’isolement découle. L’enfant se sent coupable d’avoir ressenti ses propres émotions et culpabilise de ne pas savoir se défendre seul.
Minimiser le ressenti de l’enfant revient à rendre acceptable le comportement du harceleur dans la tête de l’enfant. Si les proches ne le protègent pas et ne le comprennent pas, c’est alors que c’est bien sa faute. Il se renferme d’autant plus et cesse de parler pour ne pas subir un double jugement.
Être attentif au changement de comportement
Si l’enfant ne parle jamais de problème spécifique, mais que son comportement montre des signes d’isolement, de tristesse, de chute de notes, de maux de ventre pour ne pas sortir, il est nécessaire d’être à l’écoute de tout l’aspect non – verbal pour être en mesure d’agir à temps.
Poser des questions calmement sur l’ambiance avec les camarades, ses relations, sa manière de jouer avec eux peut aider l’enfant à se confier sur ce qu’il vit.
Tous les acteurs doivent être accompagnés
S’il est évident que la victime doit être accompagnée, il est nécessaire de comprendre que l’enfant qui se positionne en tant qu’harceleur a également besoin d’être accompagné.
Très souvent, il peut apparaître que le harceleur est lui – même en souffrance personnelle, et peut avoir subi également précédemment des actes de harcèlement à son encontre.
Les méthodes Kiva ou Pikas en Europe du Nord basent leur contenu sur la prise en charge collective du phénomène de harcèlement. Anatol Pikas part du principe que le harcèlement est un phénomène de groupe et que celui-ci exerce une pression sur chacun de ses membres pour se maintenir dans le harcèlement. La peur est ainsi le véritable ciment du groupe. La méthode consiste à briser cette unité du groupe et à rechercher avec chacun de ses membres une issue positive pour sortir du harcèlement.
Il est primordial de comprendre chacun des acteurs, qu’il soit actif ou passif. La peur est souvent le pilier du phénomène. Les personnes passives, témoins ne réagissent pas, ou peuvent parfois suivre les agissements du meneur par peur d’être la cible à leur tour.
Des associations en soutien
Il peut arriver que le sujet soit tellement sensible que les parents, sujets à leurs propres émotions réagissent également de manière disproportionnée. Il est alors nécessaire de faire appel à une aide extérieure.
De nombreuses associations ont vu le jour et apportent leur soutien, écoute, expérience.
Des listes sont à disposition dans les mairies ou sur des sites internet dédiés.
Les victimes ou témoins peuvent composer le 3020, n° dédié spécifiquement au harcèlement scolaire.
La famille et les équipes pédagogiques doivent faire équipe en matière de harcèlement scolaire. L’important est de trouver des solutions et non désigner des coupables. Considérer et donner de l’attention à chaque acteur, quel qu’ait été son rôle permet à chacun d’apprendre de l’expérience, aussi négative soit – elle et surtout d’apprendre à réparer le mal qui a pu être fait. La réparation permet également pour l’enfant qui a subi de fermer la parenthèse et ne pas être réduit à sa position de victime.